Chaque fois, je suis attendri par le passage d'une escadrille de martinets, au ras des toits, semblant se poursuivre en grande et violente dispute avec des cris stridents qui me font rire.
C'est pour moi comme une madeleine de Proust ; j'ai dans l'oreille ces soudains passages des martinets dont les cris sont répercutés par la cour sur laquelle donnait la cuisine à Moissac.
J'ai aussi l'image familière des martinets volant silencieusement très haut dans le ciel.
Je sais reconnaître les martinets des hirondelles, plus petites ; je sais que contrairement à elles, ils ne se posent pas par terre car leur longues ailes ne leur permettraient pas de s'envoler à nouveau. Mais à part ça je ne sais rien sur cet oiseau à la fois rare et familier ; j'ai entendu qu'ils dormaient en volant mais cela ne me parait pas croyable ; j'ai donc cherché à savoir ce qu'il en était ; je n'ai pas été déçu.
Le martinet dort effectivement en volant, en groupe, en faisant de grands cercles au gré des courants aériens. Il effectue à l'aube et au crépuscule des ascensions à plus de 2500 mètres qui semblent avoir pour fonction de l'informer sur le temps qu'il va faire pour optimiser sa chasse d'insectes. Ainsi chassant le jour et volant pendant leur sommeil les jeunes martinets, qui ne sont pas aptes à se reproduire et n'ont donc pas à se poser pour nidifier, passent près de deux ans sans se poser !
C'est un des oiseaux les plus rapides avec une vitesse de 150km/h ; dans son vol il est d'une précision extraordinaire, capable de rejoindre son nid en passant par un trou de quelques centimètres sans réduire sa vitesse.
Le martinet est un des rares oiseaux qui apprennent à voler et à se nourrir sans l'aide des parents, qui de ce fait partent en migration avant que les petits soient autonomes. Au bord du nid, bien agrippés avec leurs serres, les petits s'entraînent au battement rapide des ailes ; cela peut durer plusieurs jours ; ils quittent le nid dès qu'ils se sentent prêts.
La prochaine fois que je verrai les martinets faire leur cinéma au ras des toits, entendant leurs cris avant de les voir déboucher à toute allure, je sais que je serai ému parce que j'en aurai appris un peu plus sur eux.
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