dimanche 1 février 2015

SCENE (l'inconscient, la deuxième scène)

La métaphore d'une deuxième scène, dans le monde, pour parler de la signification de nos actions au niveau inconscient, me semblait éclairante et en même temps, je n'arrivais pas à appréhender ce que cela signifiait. Surtout l'idée que la vraie signification de nos actions puisse être inconsciente, et donc uniquement déchiffrable par les psychologues, les psychiatres ou les psychanalystes était inacceptable ; comment accepter que le monde n'ait pas son sens apparent mais un autre inaccessible aux acteurs ?

Je relisais ce matin mon livre de chevet* et l'explication d'Enriquez sur cette deuxième scène, je l'ai enfin comprise. Je l'ai comprise parce qu' Enriquez explique que les deux réalités, la réalité historique (c'est ainsi qu'il appelle le monde réel dans lequel nous agissons) et la réalité psychique, sont, bien que liées, éminemment distinctes, séparées.
Ces deux réalités qui sont en interaction, procèdent d'univers différents, connaissent leur propre logique, leur propres lois de fonctionnement et ne peuvent se réduire l'une à l'autre. Tout comportement comporte (au moins) deux significations, celle que lui donne la réalité (historique) et celle que lui donne la réalité psychique.

Le but de celui qui cherche à décoder les actions humaines n'est pas de trouver le sens caché des conduites mais de trouver un autre sens à ses conduites, ni plus ni moins valide que le premier, le sens de ce qui se passe sur l'autre scène.
Ainsi dans un exemple cité par l'auteur, lorsqu'un patron explique pourquoi il fait une réforme de l'organisation de son comité de direction, il faut prendre ses arguments au pied de la lettre, ses raisons, la logique de cette réforme. Sur l'autre scène il peut s'avérer que de manière inconsciente il renforce le pouvoir qu'il avait sur son comité ; d'un côté il est sincère dans une démarche de décentralisation qu'il veut et dont il a par ailleurs envie de se glorifier en étant parmi les premiers à adopter une nouvelle structure de management, et en même temps, foncièrement autoritaire (et incapable de le reconnaître) il verrouille inconsciemment encore plus son collège de direction en diminuant ses marges de manœuvre.

J'ai bien compris que les mots clés, c'est : un autre sens ; il y a d'abord le sens que les acteurs donnent à leurs décisions, leur actions et, sur un autre plan, sur une autre scène, l'autre sens que ces actions ont dans la réalité psychique, (inconsciente), des personnes. Ce sens là, il est clair que le commun des mortels ne peut y accéder ; il faut être formé pour pour le chercher et le trouver.

Cette lecture m'a fait penser à une représentation de ces deux scènes : j'imagine un théâtre où la scène est visible des deux cotés : une scène et une salle de chaque côté : les spectateurs pourraient regarder la pièce qui se joue depuis la première salle, la pièce "normale", la pièce réelle ; et à leur convenance ils pourraient se rendre dans l'autre salle de l'autre côté de la scène : là se jouerait la même scène mais avec d'autres dialogues ; les discours de l'inconscient. J'imagine que cela pourrait être le thème d'un film très intéressant.

* L'organisation en analyse (Eugène Enriquez)

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